1. Test des meilleures crêperies de Paris
Les Pages Jaunes sont formelles : Paris compte 190 crêperies. C’est moins que les pizzerias (430), mais largement de quoi s’y perdre, pas vrai ? En tant que crêpier professionnel j’ai décidé de vous aider avec ma sélection des meilleures crêperies de Paris.
Qui a fait le test ?
C’est moi, Bertrand, et ma bande de potes. On réserve pour 8 à 10 personnes et on déguste un maximum de plats différents. A la cool.
Comment les crêperies sont sélectionnées ?
Bouche à oreille, guides (Figaroscope, Fooding etc.), réseaux sociaux, Google Maps et tuyaux de mes fournisseurs. Seules les « vraies » crêperies sont retenues selon ma définition de la galette bretonne traditionnelle et de la crêpe de froment authentique. Donc vous ne trouverez ici ni kebab, ni franchise, ni vente à emporter.
Comment se déroule la dégustation ?
On dîne en anonyme les yeux grands ouverts et les papilles en alerte. La galette complète et la crêpe au caramel au beurre salé sont systématiquement goûtées pour être comparées. On regarde le crêpier travailler lorsque c’est possible, on cause avec le personnel et les autres clients. Evidemment, on paie notre repas…
Comment s’effectue le classement ?
Il n’y en a pas, c’est l’ordre alphabétique. Pas de notes, juste du qualitatif. Et aucun commentaire sur le service, le personnel change bien trop souvent. C’est aléatoire de rapporter une expérience qui aura peu de chances de se reproduire.
Un truc bizarre à préciser ?
Yes. J’ai souvent faim en ressortant d’une crêperie. Du coup j’ai décidé de peser les crêpes et galettes et de calculer le prix au kilo, histoire de remettre les choses à leur place. J’ai surpris quelques voisins de table avec ma balance de cuisine…
2. Carte des 11 meilleures crêperies de Paris
Au cours des prochaines semaines de nouveaux lieux vont apparaître comme la délicieuse crêperie « Le Goéland d’Aligre » (12e) ou encore « Bertine » (11e)… alors à très vite pour la suite !!
3. Les meilleures crêperies de Paris en bref
Crêpes et galettes
– les plus copieuses : Josselin, en vente à emporter : Alain Miam-Miam (525g !!)
– les plus innovantes : Galbar et Breizh Café
– les plus instagrammables : Crêperie Gigi, Galbar et Rond
– les garnitures les plus qualitatives : Breizh Café, Galbar, Crêperie Gigi et Tanguy
Galettes complètes les moins chères au kg : Alain Miam-Miam (18€ en vente à emporter) Josselin (28€) Galbar et Caramel Sarrasin (32€) … Breizh Café (49€)
Crêpes caramel les moins chères au kg : Galbar (31€) Josselin (51€) … Tanguy (65€)
Galettes / saucisse à la carte : Breizh Café, Crêperie Gigi, Krügen et Tanguy
Le meilleur jus de pommes : Crêperie Gambetta
Nutella non merci : Breizh Café, Galbar, Crêperie Gigi, Krügen, Rond et Tanguy
Sucré en sarrasin : Breizh Café, Caramel Sarrasin, Crêperie Gigi et Krügen
Le plus beau décor : Breizh Café, Galbar et Tanguy
Les patrons aux billigs : Alain Miam-Miam, Caramel Sarrasin, Galbar, Rond et Tanguy
Mes coups de coeur : Galbar, Rond et Tanguy
BREIZH CAFE Paul Bert
C’est en 2010 que j’ai découvert le premier Breizh Café de Paris, dans le quartier du Marais, peu de temps après que le Guide du Fooding a récompensé son créateur Bertrand Larcher. Une soirée très VIP : je croise devant le restaurant Florence Foresti promenant son chien, on prend la table où dinait Mica et ses amis, et 20 minutes plus tard Bob Sinclar s’installe à côté de nous avec une bimbo. Depuis l’intello de la galette a multiplié les ouvertures en France comme au Japon, à la fois de restaurants mais également de bars à cidre, une école de crêpiers, une boutique dédiée au sarrasin etc. Enfin, petite précision qui fait toute la différence : Bertrand Larcher est agriculteur, il possède ses propres champs de sarrasin et de pommiers.
Décor : superbe. Cosy-rural. Tradi-moderne. La plus belle crêperie de Paris. Beaucoup de bois et belle mise en scène des bouteilles à consommer sur place ou à emporter. Une table d’hôtes en face de la cuisine ouverte peut accueillir 12 convives (aucune odeur désagréable). Le personnel porte une marinière avec une petite broderie « Cancale – Paris – Tokyo ». So chic…
Carte : inventive. Les produits industriels sont bannis (confitures, Nutella etc.). Chaque ingrédient a son pédigrée (beurre Bordier, œufs bio, charcuterie du Pays Basque, épices de chez Roellinger, chocolat Valrhona etc.) et deux grands classiques bretons introuvables à Paris sont proposés : la galette saucisse et la galette sarrasin au caramel au beurre salé. Possibilité de commander des huitres, des langoustines et du beurre d’algues. A noter : Bertrand Larcher, marié à une japonaise, vit en partie au Japon. C’est donc sans surprise que l’on retrouve des influences du pays du soleil levant (shiitaké, algues, vinaigrette au wasabi…).
Galette : complète au jambon cru à 12,50 € (254 g). Le jambon est absolument parfait (en provenance de la vallée des Aldudes, près de St Jean Pied de Port) et le comté tout comme il faut. En revanche grosse déception pour la pâte : molle et sèche. La raison est vite trouvée lorsqu’on est assis en face de la cuisine 😉 : le chef passe rapidement trois coups de pinceau de beurre salé au dressage. C’est tout. Bien loin du croustillant que j’aime et du goût renversant du beurre qui a rissolé, marqueurs selon moi de la galette bretonne réussie.
Crêpe : caramel au beurre salé maison à 6,80 € (caramel au gingembre) (128 g). Très bonne, colorée, mais manquant elle aussi d’un peu de beurre. Les garnitures ne sont pas rajoutées en cours de cuisson mais à la fin sur la crêpe : le résultat est plus joli (le caramel est apparent), mais c’est quand même un brin meilleur lorsque la garniture est montée en température avec la crêpe et que la caramel a brièvement bouilli.
Que dire d’autre ? Une super terrasse et les bonbons au caramel servis avec l’addition qui sont déments. La présence de petites graines de sarrasin est trop yummy.
Breizh Café Paul Bert, 23 rue Paul Bert, 75011 Paris, ouvert 7j/7 de 12h à 22h30, internet, livraison
CARAMEL SARRASIN
Le nom de cette crêperie revient souvent dans les sélections des meilleures crêperies de Paris, comme celle du Figaroscope. Je suis passé un soir à 22h faire la réservation pour notre petite tribu de gourmands et je suis ressorti 90 minutes plus tard plein de Bretagne dans les yeux avec un kilo de farine et un pot de caramel au beurre salé offerts par Stéphane, le chef et également propriétaire.
Les crêperies parisiennes – y compris les meilleures – pratiquent de l’assemblage en garnissant avec des ingrédients achetés. Chez « Caramel Sarrasin » au contraire un maximum de garnitures sont maison : légumes séchés ou grillés, crème de marron, confitures, caramel (pas moins de 6 saveurs différentes)… et même le vinaigre de cidre ! Pignons de pin, amandes, noix de coco et sésame sont torréfiés sur place. Stéphane met au point en permanence de nouvelles recettes qui revisitent à la Breizh quelques classiques comme les madeleines ou le taboulé (sa version sarrasin est une tuerie !). Autant vous dire que l’on est ici entre de bonnes mains.
Décor : agréable, avec des briques et de la déco sur les murs. La salle, un peu en longueur, n’est pas bruyante.
Carte : traditionnelle et pleine d’idées, à noter la galette « surprise » : « Dites-nous ce que vous n’aimez pas et laissez le Chef faire le reste ».
Toutes les crêpes de froment en dessert peuvent être réalisées sans supplément au sarrasin.
Galette : complète à 9,50 € (292 g). La crêperie travaille avec les Moulins Roupsard du Cotentin dont la réputation n’est plus à faire. La couleur de la pâte, vraiment sombre, s’explique par un très long repos au réfrigérateur (entre 2 et 6 jours). Enfin le chef rajoute un peu de poivre pour renforcer les saveurs du sarrasin. Un goût inimitable.
Crêpe : caramel au beurre salé maison à 5,00 € (100 g). Un délice, même si j’aurais apprécié un peu plus de beurre 😉
Nous avons commandé une bonne dizaine de crêpes en dessert qui ont été presque toutes servies avec un pliage différent : en 4, en triangle, en triangle inversé, en octogone, en rectangle… Un plaisir pour les yeux !
Que dire d’autre ? Cette crêperie me fait penser aux auberges de nos régions : un propriétaire passionné, des clients fidèles, des fournisseurs copains… chez qui fraîcheur et circuit court ne sont pas un pitch à la mode, mais une évidence de longue date.
Possibilité de privatiser « Caramel Sarrasin » au dîner en début de semaine et de participer à des ateliers culinaires en après-midi.
Caramel Sarrasin, 47 Rue du Faubourg Montmartre, 75009 PARIS, ouvert du lundi au mercredi de 11h à 15h et du jeudi au vendredi de 11h à 15h et de 18h45 à 21h45, internet
CHEZ ALAIN MIAM MIAM
Le Marché couvert des Enfants Rouges, créé en 1615, est le plus vieux marché alimentaire de Paris. Vous y trouverez pêle-mêle des étals de produits frais, des stands de traiteurs, des tables pour se poser, des gens dans tous les sens et… Alain. Sa spécialité ? La bonne bouffe. Crêpes et galettes, mais aussi sandwiches énormes, pancakes, socca niçoise et gaufres en vente à emporter. C’est maison, bio, AOP, certifié et tout le toutim. Ici on est chez lui, et il le montre bien : tutoiement de rigueur, engueulades théâtrales, baisemain occasionnel, file d’attente approximative et bonne humeur exigée. Très insolite pour Paris, à l’image certainement de cet ancien psychologue devenu restaurateur sur le tard.
Décor : les Enfants Rouges est un endroit délicieux qui fera belle impression sur votre Instagram. A ne manquer sous aucun prétexte.
Carte : courte et efficace, c’est le concept qui le veut. Galette juste au beurre à 3,50 € et trois galettes garnies : complète, italienne et végétarienne. Côté dessert 6 choix de crêpes.
Galette : complète à 9,50 € (525g). Emmental, jambon, oignons confits et ciboulette. Pas d’oeuf. La plus copieuse de notre test, mais certainement de Paris. Le hummer breton ! Malgré ses 8 bonnes minutes passées sur la billig, aucune sécheresse. Un sarrasin au goût prononcé, une belle couleur foncée et irrégulière dans l’étalement. Brutale. J’ai adoré l’application du beurre en début de cuisson : point de tampon tenu délicatement du bout des doigts mais au contraire baratte plaquée directement sur la fonte.
Crêpe : point de caramel le jour de notre passage alors choix d’une citron à 4 € (171g). Beurre, zest de citron râpé minute et jus, cassonade. Dosage parfait mais crêpe trop cuite à mon goût. 3 minutes à 230 degrés c’est plus qu’il n’en faut et le goût de brûlé l’emporte sur la saveur de la garniture.
Que dire d’autre ? Lorsque vous passerez (car vous viendrez, hein les gourmands ?) je vous déconseille absolument les samedis et dimanches. C’est archi blindé, même si vous faites une commande en ligne à la boutique (45 min d’attente en moyenne). En revanche en semaine easy comme tout et service continu. Pour s’asseoir il n’y a que 2 chaises VIP, autant dire que vous filerez avec votre butin dans le square en face de la mairie du 3e arrondissement. Deux bricoles pour terminer : personne ne porte de gants en latex (bien que ça ne soit pas une obligation, c’est quand même plus rassurant) et j’ai reçu au total pour ma commande pas moins de 21 serviettes en papier. Puisque je vous dis qu’Alain est généreux…
Chez Alain Miam Miam, stand du Marché des Enfants Rouges (33 rue Charlot, 75003 Paris) et boutique (26 rue Charlot), ouvert du mardi au dimanche de 9h à 17h, internet
CREPERIE GAMBETTA
ATTENTION : CREPERIE DEFINITIVEMENT FERMEE
L’an dernier une crêperie du 20e arrondissement a liké un de mes posts Instagram. Par curiosité je décide d’organiser un déjeuner chez eux. Bien m’en a pris, c’est une super crêperie de quartier.
L’affaire appartient à un couple, Emmanuelle et Adel, qui travaillait précédemment dans l’esthétique et la téléphonie mobile. Un beau jour ils plaquent tout pour monter la crêperie de leurs rêves (ils en possèdent désormais deux autres, dont une grande façon « brasserie Bretonne » à Belleville que je n’ai pas testée).
Décor : contemporain, assez déco. On croirait un Airbnb !
Carte : du 100% breton, essentiellement sourcé en fermier et biologique. On retrouve les grands classiques du genre que nous connaissons tous. Le menu du midi en semaine est cadeau avec pour 13€ une galette, une crêpe et une bolée de cidre ou de jus de pomme (que je suspecte être l’excellent jus trouble artisanal de la maison Kerné).
Galette : complète à 8,50 € (226 g). Au top. J’ai attentivement observé le cuisiner derrière la verrière : il étale au pinceau une bonne couche de beurre sur la pâte, garante du croustillant, garnit et remet au dressage un peu de beurre sur les 4 plis avant de servir. On ne peut faire mieux. Côté farine j’ai découvert que nous utilisions la même !! La sarrasin complète du Moulin de l’Ecluse à Pont-L’Abbé. Gros, gros crush !
Crêpe : caramel au beurre salé maison à 6,50 € (104 g). Vraiment parfaite. Le cuisinier travaille un peu plus chaud que d’habitude (220 degrés) mais ne retourne pas la crêpe, donc on obtient un côté plus grillé que l’autre. Pâte aromatisée à la fleur d’oranger, j’adore. Et courageux car très peu de restaurateurs osent parfumer leur pâte, comme je l’explique dans une video sur le sujet.
Que dire d’autre ? Leur autre crêperie située au 29 rue de Belleville propose des idées très intéressantes : petit déjeuner breton (10€), brunch breton le dimanche à 22€, des « cidres d’exception », et des créations de cocktails (mojito breton, breizh ginger, spritz celte etc.).
Crêperie Gambetta, 120 ave Gambetta, 75020 Paris, ouvert du mardi au samedi de 11h à 15h et de 19h à 22h30, ouvert le dimanche de 12h à 14h, site internet
GALBAR
Recevoir les clés de son restaurant le premier mois d’une pandémie mondiale, c’est compliqué. Et encaisser confinement sur confinement, encore plus. Mais ce qui ne tue pas rend plus fort, et à ce petit jeu le Galbar casse la baraque. Car Mathieu et Martin revisitent avec brio le concept de crêperie, devenu ici « bar à galettes » : pas de service à l’assiette, mais présentation dans un cône particulièrement instagrammable rendant les galettes « iconiques ». Bienvenue en 2021 !
Décor : contemporain et très réussi. Murs bruts patinés, lampes d’usine, chaises en métal brossé. Ambiance chaleureuse où l’on se sent immédiatement bien !
Carte : au top et produits ultra-sourcés. Ici point de « morbihannaise » ou de « biquette », mais des créations maison comme la « Tonton Saucisse » (saucisse de Montbéliard) ou la « Gauloise » (poulet pané maison à la chapelure de sarrasin). Pour les réfractaires à la finger food, les galettes existent en soirée à l’assiette en mode « roulés ».
Le sucré n’est pas en reste car en plus des crêpes traditionnelles le Galbar innove en associant les valeurs sûres de la pâtisserie française : « Tatin » (pommes caramélisées, biscuit breton maison, crème foisonnée), « Crème Brûlée », « Citron Meringuée » etc.
Galette : la « Galbar » à 9,50 € (298 g). Composition : jambon cru (du « Prince de Paris », un atelier artisanal qui produit dans le 11e arrondissement le dernier jambon de Paris avec une saumure au sel de Guérande), œuf bio « Galbardisé » (le blanc est cuit séparément et taillé en lamelles tandis que le jaune est flashé au four), emmental, laitue, crème de balsamique.
Côté galettes elles sont étonnamment précuites et sans beurre demi-sel, donc peu croustillantes, mais ce parti-pris avantage les saveurs de la garniture.
Crêpe : caramel au beurre salé à 4,00 € (130 g). Un poil de vanille, rien à redire. Classique. L’emballage beige est tristoune, la prochaine fois je tenterai une « iconique » à 8,50 € (mais ce n’était pas l’objet de ce test).
Que dire d’autre ? Les crêpes et galettes « iconiques » sont du semi-gastro à prix d’ami. Elles vont faire un carton. Mon petit doigt me dit que dans quelques années le Galbar va se multiplier, à l’image de Big Fernand que j’ai vu naître juste en face en 2012.
Et si aujourd’hui je devais ouvrir une crêperie, ce serait le Galbar.
I’m in love, guys.
Galbar, 50 Rue du Faubourg Poissonnière, 75010 Paris, ouvert du lundi au mercredi de 11h30 à 15h30 et du jeudi au samedi de 11h30 à 21h30, pas de réservation, internet
GIGI
J’ai récemment travaillé sur un événement avec une jeune traiteuse (si si, c’est bien le féminin de « traiteur ») qui était aussi en cuisine chez Gigi. Elle en disait plus que du bien. Réservation fut prise…
Lorsque j’ai demandé au serveur qui était Gigi, il m’a répondu que c’était en hommage à la nouvelle de Colette. Un fact-checking plus tard, point de galette de Proust pour l’écrivaine. Son collègue plus senior m’a confirmé que c’était plutôt du côté des… Bronzés font du ski qu’il fallait se tourner : « La crêpe Gigi, c’est une fine couche de sarrasin saisie dessus-dessous parsemée de pétales de roses tièdes » (1979). J’ai bien rigolé.
Décor : sympa et tamisé, avec du bois, à tendance catalogue Ikea.
Carte : très courte (9 galettes et 9 crêpes, dont la fameuse Gigi), produits de qualité soigneusement sélectionnés, il y a de la grande tradition comme la galette saucisse ou de la fusion avec des shiitakés, pickels ou tzatziki.
Galette : complète à 9 € (269 g). Vraiment photogénique, très jolie couleur, beau dressage. Le sarrasin n’a pas beaucoup reposé et la galette ne croustille pas trop sous la dent, c’est un style, certainement bien adapté à la clientèle du haut Marais composée de beaucoup d’anglo-saxons qui trouvent la galette bien kraz trop hardcore. Mention spéciale au jambon blanc Prince de Paris, également utilisé par le Galbar, qui est une tuerie. Last but not least le comté remplace très avantageusement l’emmental. Bon pour le palais, mais mauvais pour le compte de résultat, bien vu Gigi !
Crêpe : caramel au beurre salé maison à 6,00 € (77 g). Irréprochable. Egalement peu croustillante, mais d’un moelleux incroyable. Les crêpes ne sont cuite que d’un côté (et donc sans coloration à l’intérieur).
Que dire d’autre ? Les proprios tiennent 3 bars à vin dans les rues adjacentes et ont planché sur l’accord « crêpes / cidres » avec une sélection « nature assez prononcée », dont une bouteille millésimée à 39 €.
Enfin un détail certainement : les crêpières ne sont pas graissées avec un lardiguel fait avec de l’huile végétale, mais avec du saindoux. Je pense qu’en 2021 cette information n’est pas anodine et devrait figurer quelque part sur le menu. Si les vegan me lisent…
Gigi, 4 Rue de la Corderie, 75003 Paris, ouvert du mercredi au vendredi de 12h à 15h et le we de 12h à 18h, internet
JOSSELIN (la Crêperie de)
Saviez-vous qu’on dénombre pas moins de 22 crêperies dans un rayon de 150m autour du métro Edgar Quinet ? Parmi elles une institution se distingue : la crêperie de Josselin, une affaire familiale tenue depuis 1969. Ici, mis à part pour les galettes, on ne fait pas dans la dentelle : longue attente sur le trottoir, ambiance de gare, odeur de graillon, menu traduit en japonais, motte de beurre et saladier de caramel sur le comptoir de la cuisine ouverte. Service immédiat, addition apportée à peine le dessert avalé (mais le patron a offert les cafés, rare à paris !), les tables tournent et retournent, on se croirait sur un vol Ryanair. Passez votre chemin pour dater… mais pour le reste, tout le reste, putain que c’est bon !
Décor : poutres apparentes et boiseries de château. Du charme ! Ready for Kaamelott.
Carte : tous les grands classiques d’une crêperie bretonne mis à part la galette saucisse sont ici, incluant la tasse de lait ribot. Crêpes et galettes sont faites en couples : un disque de pâte de 40 cm est recouvert de la garniture puis d’un disque de 35 cm. Donc deux fois plus consistantes que dans les autres restaurants. Le jus de pommes « artisanal » est en fait celui de la marque « Sous le Pommier », excellente par ailleurs, mais pas si artisanal que ça et vendu notamment chez Carrefour.
Galette : complète à 10,50 € (367 g). Démente. Rurale. Sarrasin parfaitement reposé, fort en goût, belles alvéoles, robe couleur châtaigne légèrement brillante. Soyez conscients que le dressage est brut et sans chichi : la galette est pliée en quatre, basta, loin de l’image de magazine de la complète décorative avec son jaune d’œuf bien au centre, la ciboulette ciselée et un brin de compotée d’oignon…
Crêpe : caramel au beurre salé maison à 8,00 € (157 g). Nickel à tout point de vue : saveur, cuisson, texture…
Que dire d’autre ? Il faut passer ici au moins une fois dans sa vie. Rustique, mais sooo French !
Crêperie de Josselin, 67 Rue du Montparnasse, 75014 Paris (à ne pas confondre avec « Le Petit Josselin » au 59 de la même rue), ouvert le mardi de 17h30 à 23h et du mercredi au dimanche de 11h30 à 23h, sans réservation, pas de groupe de plus de 6 personnes, facebook
KRUGEN
Décor : cool, apparemment c’est du « design nordique ».
Carte : tout bien comme il faut. Les fournisseurs sont choisis avec une grande attention, d’autant plus que certains d’entre eux fabriquent des produits sous la marque du restaurant.
Outre la présence de la galette-saucisse à la carte (avec une saucisse bretonne, évidemment), Krügen coche toutes les cases de la crêperie authentique avec le bannissement du Nutella (très courageux) et la possibilité d’avoir toutes les crêpes de dessert au sarrasin plutôt qu’au froment.
De 2015 à 2020 Krügen (en hommage aux rochers de Saint-Guénolé) a affolé République avec la carte de son restau coloré et métissé breizh-californien, son compte Instagram très chiadé, ses collab’ et autres bonnes idées (crêpes fraîches vendues par paquet, fabrication de kouigns du pays bigouden, épicerie et brunch breton etc.).
Depuis son déménagement en 2021 vers Voltaire dans un local rikiki Krügen a clairement perdu en énergies et en inspiration. Il doit son salut à la galette saucisse déclinée en 4 versions rudement savoureuses…
Galette : complète à 8,70 € (214 g). Belle et bonne à croquer, croustillante et alvéolée, une valeur sûre parfaitement réalisée.
Crêpe : caramel au beurre salé maison à 5,50 € (95 g). Malheureusement trop sèche car trop cuite, et ceci malgré le caramel. Etant 8 à table j’ai demandé au reste de la tribu, et ce fut le même constat. Accident de parcours ou changement de la fiche technique ?
Que dire d’autre ? J’ai décidé de ne pas évoquer le service dans ce modeste comparatif des meilleures crêperies de Paris (voir en introduction). Mais lors de notre visite au Krügen c’est Frédéric, l’un des deux propriétaires qui était présent. Et Frédéric était seul en cuisine pour 38 personnes…
Krügen, 4 rue du général Renault, 75011 Paris, ouvert du mardi au vendredi de 12h à 14h30 et de 18h30 à 22h30, les samedis et dimanches de 12h à 22h, le lundi de 12h à 14h30, internet
ROND
Tu sais, ça faisais longtemps que je t’avais dans le viseur petite crêperie de Belleville… Et puis un beau jour tatatan on a débarqué avec les copains pour se poser sur ta terrasse, goûter toute ta carte et shooter pour Instagram. Un vrai bonheur !
Décor : tranquilou. Tables en formica, chaises en bois et briques façon rade popu.
Carte : tout bien ! Une quinzaine de galettes portant des noms de villes de l’Ouest à la garniture sans surprise : fondue de poireaux, oignons confits, saumon fumé.
On retrouve en sucré une dizaine de crêpes également classiques : bananes, pommes, chocolat maison, caramel au beurre salé, citron…
Galette : complète au comté et tranche épaisse de jambon à 8 € (195 g). Attention, merveille ! Pâte super foncée, certainement reposée 72 heures et fermentée avec du miel. Alvéoles énormes. Goût du sarrasin franchement prononcé. Sans pareil pour le moment à Paris. Inutile de vous dire que j’ai eu un gros, très gros, très très gros coup de coeur !
En picorant à droite et à gauche j’ai également adoré la galette au saumon fumé, d’une incroyable délicatesse : le saumon n’était pas en tranche mais plutôt un pavé de saumon fumé.
Crêpe : caramel au beurre salé à 4 € (90 g). Ma crêpe était sèche et trop colorée, certainement cuite sur une plaque trop chaude. Les crêpes du reste de la table étaient aussi très cuites.
J’ai goûté la crêpe « mi-choco » (chocolat, caramel et sarrasin torréfié) : une tuerie absolue !
Je serais tenté de hisser Rond dans le top 2 ou 3 des meilleures crêperies de Paris. Rien de moins. Mais gros hic : les portions ne sont pas suffisantes et je suis reparti en ayant faim. Les poids relevés sont en effet les plus faibles de toutes les crêperies du test. De plus, bien que ça ne soit pas si visible sur les photos, crêpes et galettes sont servies dans des assiettes… à dessert ! J’ai fait un petit tour devant la cuisine et on voit clairement des disques de pâte de 30 cm sur les crêpières de 40 cm. Donc les prix tous doux comparables à de la vente à emporter (8 € la galette et 4 € la crêpe) sont à relativiser. Autant le savoir !
Rond, 21 Rue du Transvaal, 75020 Paris, ouvert du mercredi au samedi de 12h à 23h et le dimanche de 12h à 17h
TANGUY
Quand tu t’appelles Gwilherm Tanguy et que tu décides d’ouvrir un restaurant, il y a de fortes chances que ce soit une crêperie et pas « aux Délices d’Hanoï ». Et bien Gwilherm a suivi son intuition bretonne pour le bonheur des centaines de gourmands de tout poil qui ont goûté ses « crêpes à l’ancienne » et mis la note incroyable de 4,9 sur Google…
Décor : ohlalalala j’adore ! Un ancien plafond de boulangerie peint sous verre, des murs bruts et un comptoir réalisé en faïence de laboratoire. Franchement, si j’ouvre une crêperie demain c’est ça que je veux. Petit (et seul bémol) : la cuisine est séparée de la salle par une cloison alors qu’il aurait été si agréable de voir chef Gwilherm et ses billigs !
Carte : irréprochable. Tous les classiques sont là, avec en bonus pour le salé la galette toute simple au beurre (2,50 €) et la galette sèche à émietter dans le lait fermenté (lait ribot).
Côté boissons bretonnes le choix est vaste avec du chouchen, du pommeau, des eaux de vie, des bières du Trégor et surtout une belle carte de cidres choisis avec soin.
Les produits utilisés sont sourcés avec précision et proviennent tous de Bretagne, y compris les œufs et le miel !
Galette : complète au jambon « Prince de Paris » et à la tomme bio à 9,50 € (230 g). Sans surprise, une merveille. Alvéoles, croustillant, couleur, tout est au top. Le choix de la tomme au lait de vache, plutôt que l’emmenthal, joue un rôle déterminant dans la puissance du goût et se marie parfaitement avec le sarrasin. La pâte est battue à la main et les galettes sont beurrées au pinceau en fin de cuisson au beurre demi-sel comme en témoigne cette video sur le site du Fooding.
Crêpe : caramel au beurre salé maison à 6,50 € (100 g). Très fine et incroyable goût de beurre. Super caramel. Cuite d’un seul côté. Dressage perfectible (couleur pâlichonne).
Avec seulement 28 couverts et sans terrasse l’adresse est la plupart du temps complète. La réservation via internet est donc impérative (pas de téléphone).
Encore un truc : je vais exceptionnellement porter un jugement sur le service. Le serveur qui s’est occupé de nous était particulièrement compétent, tant sur la carte que les boissons, à tel point que j’ai cru un moment que c’était lui Gwilherm !
Tanguy, 15 rue de l’Echiquier, 75010 Paris, ouvert du mardi au samedi de 12h à 14h30 et de 19h à 22h30, internet, vente à emporter
Vous avez oublié LA CANTINE BRETONNE 22 bis rue de L’OURCQ 75019
Bonjour. C’est effectivement une bonne adresse que j’ai testée en avril dernier avec ma petite tribu de 10 crêpes lovers en sortant d’un spectacle à la Villette. Il manquait toutefois un petit plus pour être dans mon top 10 😉